Thursday, April 26, 2012

" PARIS INSOLITE "

PHOTOS : -JEAN-PAUL CLÉBERT, écrivain et Auteur du livre qui suit _____________________________ " PARIS INSOLITE " ******************* Juste après la guerre, un clochard racontait sa vie dans un livre qui faillit avoir le Goncourt. Né en 1926, Jean-Paul Clébert vit, à présent, dans un village provençal. Vendu à 30.000 exemplaires en 1952, son "Paris insolite" a été réédité pendant vingt-cinq ans, et notamment en 1954 avec 115 photographies de Patrice Molinard. C'est cette version magnifiquement illustrée que ressuscitent les jeunes éditions Attila: en faisant un troisième tirage qui est déjà en cours, pour un total de 10.000 exemplaires. Ici, PARIS, comme vous ne l'avez jamais vu, comme personne ne le verra jamais plus. Celui des zones insalubres, des piaules sous les toits et des marchands de vin où l'on picole sec avant d'aller passer la nuit «dans le monde opaque et fatigué des salles d'attente». Celui de la «soupe-farine» et des tapineuses au corps flétri; des «beugleurs» qui vendent «l'Intran» et des boniches qu'on siffle sur les boulevards; des chineurs poussant leur mauvaise fortune dans une voiture d'enfant qui, le plus souvent, est une «Hirondelle (des Cycles de Saint-Etienne)». C'est le Paris de l'après-guerre, où Jean-Paul Clébert a eu faim, froid, soif, redouté la pluie et connu l'ivresse d'être libre en compagnie des «derniers arpenteurs et flânocheurs du trottoir». Parce que rien n'est plus sérieux quand on a 17 ans, ce garçon de bonne famille avait d'abord fait le mur de son collège de jésuites pour aller «perdre son pucelage» et s'engager dans la Résistance. Il a fini par «basculer définitivement de l'autre côté». La nuit, dans le jardin du Carrousel, il tombait sur de «vieilles pouffiasses laides à faire débander un pendu, puantes et saoules pour la plupart». Le jour, dans les bistros d'Alésia, de Maubert et de Ménilmontant, il rencontrait Robert Giraud, «l'ami Doisneau», Brassens, et prenait des notes avec l'idée d'en remontrer aux «grands canards [qui] préfèrent renseigner dûment leurs lecteurs sur les moeurs et coutumes des Indiens Navajos que sur celles des vieux de Nanterre». Un jour, Cendrars a lu cette «ethnologie des bas quartiers» qui, dans une prose de chiffonnier fiévreux, recycle les mots interlopes avec une énergie sidérante. Il a convaincu Denoël, l'éditeur de Céline, de publier Clébert. A l'automne 1952, ce clochard obtenait au Goncourt les voix de Queneau, Dorgelès et Mac Orlan, tandis que Henry Miller sortait de son livre avec «les tripes remuées». C'est qu'il y a ici, sous un humour corrosif, la passion d'un «fantastique social» qui «s'en va morceaux par morceaux» à mesure que la ville se modernise. Et la révolte de voir sa pittoresque profession de «vagabond municipal» aller vers des mutations sordides. Heureusement, un candidat UMP à l'élection présidentielle a promis fin 2006 : «Je veux, si je suis élu, que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir.» G.L. ==== «Les clochards n'étaient pas des exclus comme aujourd'hui» (Entretien avec Jean-Paul Clébert) Pourquoi il faut lire «Paris insolite», (par Olivier Bailly, écrivain) ____________________________________________________ Source : "le Nouvel Observateur" du 29 octobre 2009. ____________________________________________________

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