ALFRED DE MUSSET 1810-1857

Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : " J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. "

"On ne badine pas avec l'amour", Alfred de Musset
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Alfred de Musset (1810-1857) est entré très jeune dans le "Cénacle" des romantiques, qui l'ont acclamé comme un enfant prodige.

A l'âge de vingt ans, il a publié son premier recueil de vers, les "Contes d'Espagne et d'Italie", d'un romantisme brillant et coloré.

A vignt-deux ans, il publie "Un spectacle dans un fauteuil", recueil de pièces dramatique en vers.

Il s'écarte bientôt du groupe romantique, qu'il accuse de trop s'intéresser à la politique et à l'action sociale, et s'intéresse à la Grèce et à l'Italie de la Renaissance.

Une aventure amoureuse avec George Ssnd (1833-1835) le marquera pour toute la vie.
Après la rupture définitive, il essaie de trouver soulagement à sa douleur dans la littérature et dans une vie mondaine et désordonnée.

Il transpose son aventure amoureuse dans un roman semi-autobiographique, la "Confession d'un enfant du siècle" (1836), et ses divers états d'âme en relation avec l'amour perdu dans ses quatre poèmes les plus célèbres: "Les Nuits" (Nuit de mai, Nuit de décembre, Nuit d'Août, nuit d'Octobre).

Dans les héros de son drame "Lorenzaccio" (dont le sujet est tiré des chroniques italiennes de la Renaissance) il présente un personnage dont la tendance au vice anéantit la volonté et ruine la vie.

Il écrit aussi des comédies dont l'amour est le centre, qui rappellent les comédies de Marivaux et qui, sous des apparences de légèreté et de badinage, présentent toujours un fond de mélancolie et de pessimisme:
"Il ne faut jurer de rien"
"Fantasio"
"Les Caprices de Marianne"
"On ne badine pas avec l'amour"

Mais le désordre de sa vie le ronge rapidement.
À trente ans il se sent malade et épuisé, et il n'écrit presque plus.
Il meurt a l'âge de quarante-six ans.

Musset est avant tout le poète de l'amour; il est moins expansif que Lamartine et moins exubérant que Hugo.

Il s'écarte aussi des romantiques par ses goûts littéraires, puisqu'il s'intéresse à la littérature classique et à certains auteurs du dix-septième siècle, notamment Molière et La Fontaine.



TRISTESSE
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(Voici un sonnet écrit à l'age de trente ans, où Musset exprime d'une façon simple et émouvante le sentiment qu'il a d'avoir manqué sa vie)


J'ai perdu ma force et ma vie
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est eternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
-Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.


(Poésies posthumes)








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